Cette année avec Marie-Christine a été très enrichissante, c’est d’abord un engagement humain (Marie, bénévole)
Avec l’ESA, j’accompagne Marie-Christine, qui était en 3e. Elle est arrivée d’Espagne il y a un an en ne parlant pas français. La difficulté n’a pas été l’apprentissage du français, mais la différence de pédagogie entre les systèmes scolaires espagnol et français et le réapprentissage des termes techniques en français la déboussolaient. Marie-Christine avait surtout besoin d’aide en maths où elle perdait un peu pied. La première séance a consisté à apprendre les noms des formes géométriques en français.
L’évolution peut sembler insuffisante à court terme. L’objectif n’est pas de faire de l’aide aux devoirs mais de reprendre les bases qui empêchent de comprendre les notions de 3e. Je m’appuie donc sur ce que Marie-Christine voit en cours de maths la semaine où je viens et sur ce qu’elle ne comprend pas puis je remonte aux sources des problèmes en lui posant des questions jusqu’à trouver la notion manquante. Cet exercice est très riche pour moi aussi. Il me pousse à me questionner sur des notions de maths que je considère comme évidentes mais qui ne le sont pas en réalité et à trouver les bons mots pour les rendre accessibles à Marie-Christine. Elle doit pouvoir me faire confiance afin de pouvoir s’exprimer librement. Entendre ses erreurs et ses oublis me permet de me mettre à sa place et de comprendre son raisonnement. Cette relation de confiance se tisse au fil des semaines. Je la fais parler du collège, des maths, du prof de maths, mais aussi de l’environnement, de ses amis, de ce qu’elle aime. Je lui explique aussi ce que je fais et je ne cherche pas à cacher mes faiblesses, les sujets que je n’aime pas en maths, etc.
Ce ne sont pas les résultats scolaires qui sont primordiaux, mais la motivation de Marie-Christine et sa persévérance. Un jour, elle revient avec une bonne note en maths ainsi qu’une appréciation très encourageante du prof de maths et les maths deviennent subitement intéressantes. Et puis le temps passe et la bonne note est oubliée avec les difficultés à comprendre le nouveau cours, la motivation diminue. C’est alors le rôle du bénévole de redonner confiance à l’enfant chaque semaine par des paroles encourageantes.
Le recul du bénévole est nécessaire pour réinterpréter et réexpliquer les mots un peu durs du professeur de maths dans le bulletin du milieu de l’année à Marie-Christine mais aussi aux parents. Je m’assure qu’elle leur parle du collège et de ses résultats et les incite à l’encourager à faire ses devoirs ou à rester au CDI du collège pour y travailler. Cela m’aide beaucoup de me rappeler mes années au collège pour me mettre à sa place, imaginer sa journée, comprendre que, si elle a loupé le cours de maths pour aller à l’infirmerie avec une copine ce n’était sûrement pas seulement à cause d’un mal de tête et qu’il faut vérifier avec elle qu’elle ne se sent pas trop perdue en maths, ou encore lui expliquer pourquoi les trois-quarts du travail se font en étant présente en cours.
Les défis de l’année de 3e sont le brevet et l’orientation en seconde. Marie-Christine a bénéficié d’une semaine de stage de maths dans le cadre d’un partenariat entre l’E.S.A et les cours Legendre. Au début, elle n’était vraiment pas enthousiaste à l’idée de sacrifier 2h par jour de vacances pour aller faire des maths mais elle en est revenue enchantée ! L’entraide avec les autres élèves de son groupe lors des corrections des exercices l’a mise en confiance pour les révisions du brevet. Pour ce qui est de l’orientation, après quelques tests faits ensemble sur le site internet de l’Onisep, Marie-Christine s’est rendu compte qu’infirmière n’était vraisemblablement pas le métier de ses rêves comme elle l’imaginait. Je l’ai encouragée à poursuivre ses réflexions en lui reposant régulièrement la question et en lui parlant des alternatives à la seconde générale. C’est finalement en allant voir la conseillère d’orientation du collège qu’elle s’est décidée pour une seconde professionnelle ARCU qui correspond plus à son caractère et à son projet professionnel. A la fin de l’année, Marie-Christine a eu son brevet ! Avec l’entrée au lycée cette année, le principal enjeu est la mise en place d’une bonne organisation scolaire pour gagner en autonomie.
Les formations proposées par l’ESA sont aussi des moments privilégiés pour échanger entre bénévoles sur nos bonnes et mauvaises pratiques.
Cette année avec Marie-Christine a été très enrichissante, c’est d’abord un engagement humain. Au cours des semaines on peut parfois douter de notre utilité scolairement, mais je pense que le plus important est de porter de l’attention à l’enfant afin qu’il se sente bien dans son milieu scolaire et d’être présent pour lui chaque semaine.
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