ALUMNI : Un ancien binôme de l’E.S.A nous raconte son parcours

Patrice a rejoint l’E.S.A en 2003. D’abord en tant que mentor, puis en tant que co-responsable de l’antenne Nord Isère, où il exerce toujours. Durant ces longues années d’engagement, il a l’occasion d’accompagner Founda, pendant 5 ans. Ils se confient tous les deux sur l’expérience qu’ils ont vécu pendant cet accompagnement.

Comment avez-vous commencé votre accompagnement avec Founda ?

« En septembre 2020 j’aidais depuis 2 ans deux adolescentes dans un quartier pavillonnaire de Villefontaine. La maman de Founda a pris contact avec moi par l’intermédiaire de la famille que j’aidais. Après une première rencontre, j’ai décidé d’aider Founda dans son parcours scolaire. Elle avait besoin d’aide en mathématiques, elle était réservée, timide et parvenait difficilement à s’exprimer. L’école ne la passionnait guère et il me semblait qu’une aide pouvait l’inciter à travailler, certes un peu, mais ceci représentait déjà un grand effort pour elle. »

Comment s’est déroulé l’accompagnement ?

« Je l’ai accompagné jusqu’en terminale et petit à petit nous avons étendu l’aide à d’autres matières que les mathématiques, à de la gestion et à beaucoup d’échanges que l’on qualifierait de non scolaire. Malgré sa sortie du système scolaire classique, elle a su se retourner et élaborer un projet professionnel. La personnalité de Founda a beaucoup évolué. Elle a mûri, a pris confiance en elle et s’est rendu compte qu’elle était capable de faire des choses d’elle-même, comme passer le permis, ou décrocher des emplois étudiants. »

Maintenant que son accompagnement est fini, êtes-vous restés en contact ?

« Le contact n’est pas du tout rompu. Il fallait la persuader qu’un échec pouvait être profitable et nous avons continué de nous rencontrer au domicile de ses parents. Je l’ai encouragée à ne pas abandonner et à trouver d’autres études, même si ce n’était pas par le parcours traditionnel du lycée. Je lui ai fourni les connaissances nécessaires, comme l’existence d’équivalent du bac à la fac et d’autres informations sur les possibilités qui existent. En attendant qu’elle trouve une alternance, je l’ai aidée en lui parlant de service civique. Je l’appelle encore, elle ou sa mère, de temps à autre pour savoir où elle en est. Founda vous décrira sans doute mieux que moi son cheminement post BAC qui lui permet actuellement d’envisager la suite positivement. »

Founda est actuellement volontaire en service civique dans une école primaire jusqu’en juin 2025. Elle reste ambitieuse et n’abandonne pas les études : elle cherche une alternance pour la rentrée de septembre 2025, où elle souhaite intégrer une école pour devenir secrétaire médicale.

Avant de commencer votre accompagnement, aviez-vous des appréhensions quant au mentorat ?

« J’ai eu des appréhensions, je pensais que ça n’allait pas me plaire et que je ne progresserai pas même avec de l’aide. Cependant, monsieur Guinet a su me comprendre et appréhender mes difficultés. »

Le mentorat vous a-t-il donné des clés pour surmonter les difficultés ?

« L’aide apportée m’a d’abord permis d’avoir une autre vision de l’école et du travail. Monsieur Guinet est une personne qui a beaucoup d’expérience, donc j’ai directement pris ses conseils au sérieux. C’était difficile pour moi de comprendre les travaux distribués par les professeurs mais il m’a permis d’adopter de bonnes méthodes de travail, de m’impliquer davantage, d’être beaucoup plus concentrée en classe et plus intéressée par mes devoirs, notamment en mathématiques. Le mentorat m’a également permis de prendre confiance en moi et je me suis mise à beaucoup plus participer en classe. Monsieur Guinet m’a aussi appris à m’organiser au niveau du travail et je suis plutôt tête en l’air donc ça m’a beaucoup aidé. 

C’est vrai qu’il est difficile au début de faire les devoirs demandés par l’école en plus de l’accompagnement, on ne veut pas trop mais petit à petit on voit les progrès et on ne veut plus arrêter, on veut réussir à tous nos devoirs et examens. »

« J’ai vu tellement de changement que si je devais un jour retravailler avec monsieur Guinet ou un autre bénévole, je le referais ! »

Que diriez-vous a une personne qui hésite à devenir mentor ?

« Si une personne veut devenir bénévole, je lui dirais qu’il faut être très patient, vouloir aider les enfants et être prêt à apprendre chaque jour car il y a des leçons et des exercices qu’il est possible qu’ils n’aient jamais vus. Par exemple, j’étudiais entre autres la gestion au lycée et monsieur Guinet n’en a presque jamais fait, alors il m’expliquait ce qu’il comprenait mais il apprenait en même temps que moi. » 

Envisagez-vous, dans le futur, d’apporter votre aide à un enfant en difficulté, comme votre mentor vous a aidé ?

« Oui, quand j’aurai un peu plus de temps ! »